Le tellurure de cadmium est décidément en perte de vitesse ! Selon diverses rumeurs, General Electric, arrivé sur le marché des panneaux photovoltaïques à couches minces en tellurure de cadmium (CdTe) avec de grandes ambitions (voir notre article), aurait gelé son projet d'usine au Colorado pour au moins dix-hui mois. Objectif : développer d'abord une nouvelle génération de panneaux PV avec 15% de rendement de conversion …

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Il y a un an, la société visait encore un rendement de conversion de 14%. Mais, comme First Solar et Abound Solar, GE se voit aujourd'hui confronté à la concurrence du silicium cristallin avec sa technologie somme toute assez peu performante pour un prix qui n'est plus aussi avantageux que par le passé.

General Electric avait dévoilé ses ambitions il y a deux, le groupe américain avait lancé la construction de son usine au Colorado en octobre dernier. Une capacité d'assemblage de 400 MW était prévue, avec un objectif de démarrer la production en 2013. La technologie à couches ultra minces de CdTe de GE a été développée par une jeune pousse, PrimeStar Solar, rachetée en 2011.

Après cinquante quatre années d'expérience, Schott Solar, l'un des pionniers du PV dans le monde, vient d'annoncer à la surprise générale l'arrêt total de ses activités dans les panneaux photovoltaïques en silicium cristallin. Conséquence du contexte actuel sur un marché marqué par « une extraordinaire pression sur les prix et l’instabilité des politiques de soutien au photovoltaïque », cette décision porte sur ses usines en Allemagne, aux États-Unis et en République tchèque. La firme allemande restera néanmoins active dans le photovoltaïque avec des panneaux PV à couches minces et dans le solaire thermodynamique avec ses concentrateurs …

La décision affecte quelque 870 employés au niveau mondial.

A noter que la société fera face à ses engagements concernant les conditions de garanties. Ainsi, le service client de Schott Solar continuera à fonctionner pour la partie photovoltaïque cristalline.

Nous reviendrons sur ce sujet avec une analyse détaillée dans le prochain numéro.

A noter que Schott Solar vient de voir l'inauguration d'une centrale PV au sol de 2,2 MWc, construite par Sade, filiale de Veolia, et occupant 7,5 ha à Ucciani près d'Ajaccio, équipée de 10000 panneaux photovoltaïques de sa fabrication. La commune a d’ailleurs donné son accord pour la réalisation d'un second volet de 1,4 MWc, l'ensemble du terrain restant utilisable pour le pâturage.

L'Américain Abound Solar, l'un des spécialistes des panneaux photovoltaïques à couches minces en tellurure de cadmium (CdTe) aux côtés de son compatriote et leader dans le secteur First Solar, a demandé l'ouverture d'une procédure de protection contre les faillites. Dans l'immédiat, la société cesse ses activités de production. Une décision qui impacte 125 employés …

Abound Solar, qui avait obtenu quelque 300 millions de dollars de financements à ce jour, souffre, comme First Solar, de la très forte chute des prix des panneaux photovoltaïques en silicium cristallin tirés par les Chinois. Les coûts de production de ces derniers ont en effet baissé à tel point qu'ils peuvent désormais concurrencer le CdTe sur son propre terrain. First Solar avait été la première société à passer en dessous de 1$/Wc au printemps 2009. Aujourd'hui, ses coûts de production se situent à 0,67 $/Wc, alors que les Chinois commencent à proposer des panneaux c-Si à moins de 0,60 $/Wc.

En mars dernier, Abound Solar avait annoncé vouloir arrêter la production de sa 1ère génération de panneaux PV en CdTe au Colorado et préparer l'industrialisation de sa 2e génération – des panneaux de 85 W avec un rendement de conversion de 12,5% (voir notre article) – dans une nouvelle usine située à Tipton, dans l'Indiana, qui devait offrir une capacité d'assemblage de 840 MW d'ici 2014. Abound avait d'ailleurs obtenu une garantie de prêt de 400 M$ du département de l'énergie américain pour sa construction mais, après une première tranche de 70 M$, la société avait évité d'y recourir après la faillite de Solyndra (également bénéficiaire d'une telle garantie pour plus de 500 M$) à l'automne 2011.

La société américaine Global Solar, fabricant de solutions photovoltaïques à couches minces CIGS, se recentre sur son unité de production de 40 MW à Tucson (Arizona), et vient de demander l'ouverture d'une procédure de cessation de paiements pour sa filiale allemande située à Berlin, avec une usine de 35 MW. Parallèlement, elle cherche de nouveaux investisseurs …

L'Américain explique dans un communiqué de presse sa décision de « réduire » sa capacité de production en Europe, et compte sur un redressement judiciaire de sa filiale allemande pour rebondir. La société précise néanmoins être en mesure de livrer ses clients européens à partir de son usine d'Arizona.

L'Américain Stion annonce un rendement de conversion de 13,4%, pour un rendement surfacique de 14,8%, pour des panneaux photovoltaïques à couches minces CIGS en production, dans son usine de Hattiesburg, au Mississippi, inaugurée en septembre 2011. Ces panneaux de 145 Wc, de 160 cm x 65 xm, ont été vérifiés par le laboratoire indépendant NREL. La société commercialise ses panneaux PV depuis mars dernier …

L'usine de Hattiesburg a une capacité de production de 100 MW. Comme ses concurrents Solar Frontier ou encore Solibro, Stion utilise un procédé de fabrication de panneaux monolithiques et non pas d'assemblage de cellules solaires individuelles. Créé en 2006, Stion a attiré de nombreux investisseurs, dont Khosla Ventures, Taiwan Semiconductor / VentureTech Alliance, Lightspeed Venture Partners, General Catalyst Partners, Braemar Energy Ventures et Avaco. Ce dernier a notamment participé à une levée de fonds de 130 M$ en décembre dernier aux côtés d'autres sociétés de financement coréennes. Une usine d'assemblage représentant un investissement de 35 M$ est également prévue en Corée.

Pour les dernières tendances dans le PV à couches minces, voir le compte-rendu de la conférence PVTC 2012, qui s'est déroulée à Aix-en-Provence du 6 au 8 juin dernier : Aix-en-Provence capitale mondiale du photovoltaïque

Les États-Unis auraient réalisé plus de 18000 installations photovoltaïques au premier trimestre 2012 pour une puissance totale cumulée de 506 MW, après un record de 780,5 MW au dernier trimestre 2011, selon GTM Research et l'association industrielle SEIA. Pour l'ensemble de l'année 2012, GTM Research prévoit quasiment un doublement du marché, à 3,3 GW …


La répartition par type d'installation montre que les installations commerciales (non-résidentiel) et les centrales au sol des énergéticiens dominent ce marché. Les prévisions à plus long terme donneraient un marché de plus de 8 MW en 2016.

Sur l'ensemble de 2011, la nouvelle puissance installée se serait établie à 1867,6 MW, portant la puissance PV totale opérationnelle à quelque 4,4 GW. Le dernier trimestre 2011 a été une période record pour les installations du fait du programme d'aides (1603 Grant) qui arrivait à échéance fin 2012. Une partie des onduleurs et panneaux PV installés au premier trimestre 2012 avaient encore bénéficié de ces aides. Les analystes restent néanmoins confiants pour la suite de 2012 malgré les taxes douanières infligées aux panneaux PV utilisant des cellules solaires chinoises, ce qui pourrait entraîner une hausse du coût des installations. Selon le groupement CASM (Coalition for American Solar Manufacturing), dont certains membres fondateurs sont à l'origine de la plainte antidumping contre les fabricants chinois de cellules solaires aux États-Unis, les importations solaires en provenance de Chine auraient chuté de plus de 60% en avril 2012, autant en séquentiel comparé à mars 2012 qu'en annuel comparé à avril 2011.

Sur un an, le prix moyen des panneaux PV aurait chuté de 47%, de 1,78 $/W au 1er trimestre 2011 à 0,94 $/W au 1er trimestre 2012. Le coût des systèmes PV installés aurait diminué avec une ampleur bien plus réduite : -7,3% pour le résidentiel, -11,5% pour les installations commerciales, -24,7% pour les grandes centrales PV au sol. Ce qui donne une baisse moyenne, tous systèmes confondus, de 17,2% sur un an.

Le spécialiste du solaire photovoltaïque à concentration Soitec Solar vient d'obtenir pour sa filiale américaine une aide de 25 millions de dollars de la part du ministère américain de l’énergie (DOE) pour son usine d'assemblage de modules photovoltaïques à concentration (CPV) à San Diego, en Californie. Cette aide s'inscrit dans le programme Sunpath (Scaling Up Nascent PV At Home) qui a pour objectif d’augmenter la compétitivité de la production américaine sur le marché mondial du solaire …

Soitec Solar, filiale de Soitec, leader dans les matériaux semiconducteurs d’extrêmes performances pour l’électronique et l'énergie, est en train d'équiper une usine de 16350 m2 en vue d'y assembler des modules photovoltaïques à concentration (CPV) Concentrix de 5e génération (rendement de conversion de 30%) pour un volume de 275 MWc. Ce projet représente un investissement total de plus de 150 M$ et devrait créer 450 emplois sur site et plus d’un millier d’emplois indirects à pleine capacité. La première phase devrait être opérationnelle d’ici le quatrième trimestre 2012.

La société californienne AQT Solar, créée en 2007 et spécialisée jusque récemment dans les panneaux photovoltaïques à couches minces CIGS vient de mettre au point le premier prototype de sa 3e génération de modules PV qui sera, comme annoncé en janvier dernier (voir notre article), à couches minces ... CZTS (cuivre-zinc-étain-soufre). Ce prototype de 60 W est aujourd'hui en test sous conditions réelles d'ensoleillement …

Pour AQT, les matériaux CZTS sont moins coûteux que ceux utilisés dans la technologie CIGS parce que disponibles en abondance. En outre, la production des panneaux CZTS est réalisable sur la même ligne de production que les panneaux CIGS. La société revendique déjà un rendement de conversion de près de 10% depuis mars dernier.

IBM aussi travaille sur la technologie CZTS, et a réalisé des panneaux PV avec un rendement de conversion de 10,4%.

Le PVMC, consortium américain de fabrication photovoltaïque filiale de Sematech (entité dédiée à la microélectronique), s'est lancé, en coopération avec l'institut des nanotechnologies de l'université d'Albany (New York), dans l'élaboration de la première feuille de route pour des panneaux photovoltaïques à couches minces en technologie CIGS (Cuivre-Indium-Gallium-Selenium) sur le sol américain avec pour objectif d'accélérer leur déploiement mais aussi d'offrir un plan de développement pour une industrie nationale dans ce domaine. Avec un financement de 400 millions de dollars à la clé …

Ces 300 millions de dollars résultent du cumul des aides nationales et fédérales, qui s'ajoutent aux investissements des industriels.

Le projet « U.S. PV CIGS roadmap » s'inscrit dans l'initiative SunShot, qui vise à rtéduire de 75% le coût de l'électricité de source photovoltaïque d'ici 2020. Le PVMC a confié l'élaboration de la feuille de route à trois experts du secteur : Lawrence Kazmerski, directeur du National Center for Photovoltaics au NREL (National Renewable Energy Laboratory), Joseph Laia, ex-CEO du spécialiste des couches minces CIGS MiaSolé, et Richard Swanson, fondateur de SunPower.

A l'image de Sematech, qui avait été créé dans les années 1990 pour raviver la compétitivité des sociétés américaines du semiconducteur, le consortium des fabricants de PV donc se prépare à relancer le solaire outre-Atlantique. Il dispose du support de plus de 40 entreprises et organisations actives dans le PV aux États-Unis.

Pour en savoir plus, cliquer sur U.S. PV CIGS Roadmap

Selon la chaine de télévision allemande rbb, des employés des usines de First Solar à Francfort-sur-oder, en Allemagne, envisageraient une reprise à leur compte des sites de production actuellement en cours de fermeture avec pour objectif de concentrer leurs activités sur les panneaux photovoltaïques à couches minces en CdTe pour les petites installations en toiture. Parallèlement, le site allemand Photovoltaik annonce un redémarrage quasi immédiat de la production dans ces deux usines par First Solar, mais uniquement jusqu'à la fin de l'année à cause de la reprise de la demande pour ses produits sur les marchés européens …

Jusqu'ici, First Solar destinait ses panneaux PV en CdTe essentiellement aux grandes centrales au sol. Récemment, l'Américain avait toutefois aussi signalé un recentrage vers des centrales de taille moyenne.

Même si l'on écartait ainsi une compétition directe sur les marchés avec First Solar, une reprise des usines par ses employés poserait toutefois toujours un problème au niveau de l'utilisation de la technologie et de sa protection par l'Américain.

Rappelons que les deux usines de First Solar en Allemagne emploient quelque 1200 personnes. La société américaine a annoncé leur fermeture à la mi-avril dans un contexte de marchés européens en déclin, à peine 6 mois après l'inauguration en grande pompe de la deuxième usine.

Calyxo, société allemande spécialisée dans les panneaux photovoltaïques à couches minces en technologie CdTe, est en train de se doter d'une deuxième ligne d'assemblage de 60 MWc qui devrait porter sa capacité de production totale à 85 MWc à la fin de l'année. « Nous sommes confiants que nous pourrons baisser les coûts de production à nettement moins de 0,80 $/Wc d'ici là », a souligné Florian Holzapfel, CEO de la firme. A moyen terme, Calyxo compte descendre à moins de 0,50 $/Wc …


Bündnis 90 / Die Grünen en visite chez Calyxo l'an passé : Florian Holzapfel, CEO deCalyxo, Claudia Dalbert, Cem Özdemir, Christoph Erdmenger (trois personnalités politiques du parti Bündnis 90 / Die Grünen) et Michael Bauer, CTO de Calyxo (de gauche à droite)

Calyxo avait initialement été créée en 2005 à Bitterfeld/Wolfen, en Allemagne, sous la forme d'une société commune entre Q-Cells et Solar Fields, un institut américain de R&D issu du centre d'incubation de l'université de Toledo (Ohio), où il a mis au point sa technologie CdTe. Établi en 2003 à Perrysburg (Ohio), Solar Fields a repris la totalité des parts de Calyxo en février 2011.

Les coûts de production visés par Calyxo à moyen terme permettent d'envisager un coût total d'exploitation et de génération d'électricité de moins de 0,10 $/kWh.

Le montant de l'investissement pour la nouvelle ligne de production n'a pas été précisé. Le financement est assuré par la maison-mère Solar Fields avec le concours d'un prêt bancaire.

Calyxo dispose aujourd'hui d'une usine de 25 MWc à Thalheim (Allemagne), près de Q-Cells, et d'un effectif de 150 employés. Une extension future à 150 MW serait également déjà dans les cartons, à plus long terme, après le passage à 85 MW fin 2012. La série de panneaux photovoltaïques CX3, conçue pour des régions à climat chaud et humide, a été introduite en production l'an passé. Elle afficherait, selon la société, de meilleures performances que les panneaux CdTe de la concurrence. Comparé aux solutions en silicium cristallin, à puissance d'installation égale, la technologie CdTe permettrait un bilan énergétique supérieur jusqu'à 10% grâce à un comportement stable même à plus hautes températures.

La société américaine Nanosolar reste ambitieuse. Le spécialiste des panneaux photovoltaïques à couches minces (CIGS) vient de clore un nouveau tour de table qui lui a permis de lever 70 millions de dollars, portant à plus de 500 M$ le financement total obtenu depuis sa création en 2004. Ces fonds serviront à financer l'extension de ses capacités de production de cellules solaires et panneaux PV CIGS, à supporter ses efforts de R&D – un rendement de conversion de 17,1% a déjà été atteint en laboratoire, pour 10% en production – et à lancer la commercialisation à plus grande échelle …



Nanosolar fait appel à une technologie de fabrication par impression d'encres conductrices à base de nanoparticules sur un mince substrat flexible, dans un process en continu. Elle avait obtenu une aide financière de 42 M$ du département américain de l'énergie (DoE) en 2006. La société aurait atteint depuis tous ses objectifs. Elle vise aujourd'hui un rendement de conversion de 12% en production pour ses panneaux PV cette année, et la parité réseau à l'horizon 2015.

La capacité de production de son usine allemande de Luckenwalde (au sud de Berlin) dépasserait aujourd'hui 100 MW. L'objectif d'extension porterait, lui, sur 250 MW d'ici à la fin de l'année.

A ce jour, Nanosolar n'a livré qu'une dizaine de MW au total. La société a, par contre, signé l'an passé des contrats d'approvisionnement de plusieurs centaines de MW en cumulé avec plusieurs clients internationaux.

La levée de fonds s'est effectuée auprès d'investisseurs existants et de nouveaux arrivants, dont OnPoint Technologies, Mohr Davidow Ventures et Ohana Holdings.

A l'occasion d'un 4e tour de table, SolarBridge Technologies, fabricant américain de microonduleurs pour le photovoltaïque, vient de lever 25 millions de dollars notamment auprès d'un nouvel investisseur, Shea Ventures, ainsi que des investisseurs existants comme Battery Ventures, Rho Ventures et Osage University Partners. La société peut ainsi financer son extension à l'international, notamment vers le Vieux continent …

L'offre produits de SolarBridge porte sur des microonduleurs qui s'intègrent dans des panneaux photovoltaïques, près des boîtes de jonction ou à leur place afin d'en garantir un meilleur bilan énergétique et de fournir directement un courant alternatif.

Cette nouvelle levée de fonds porte le montant total des financements de SolarBridge à 71 millions de dollars.

En difficultés, Konarka Technologies, un spécialiste du photovoltaïque organique et développeur de solutions couches minces dont le groupe français Total détient près de 20% des parts, vient de passer sous chapitre 7, un système de protection dans le cadre de la loi américaine qui régit la mise en faillite et correspond, en France, à la liquidation judiciaire. Selon Howard Berke, président et CEO de la société, la situation financière actuelle ne permettait plus à Konarka de continuer ses activités …

Rappelons que Konarka avait été créé en 2001 par Howard Berke et Alan Heeger, Prix Nobel de physique pour ses travaux sur les polymères (semi)conducteurs. Le groupe Total était entré au capital de Konarka en décembre 2008, avec un apport financier de 45 M$. La société, qui a obtenu au total des financements d'environ 150 M$ lors de plusieurs tours de table ainsi que 20 M$ d'aides publiques, détient une multitudes brevets dans l'énergie solaire et possède une usine à New Bedford, dans le Massachusetts, ce qui pourrait intéresser des investisseurs. Ce sera toutefois au liquidateur judiciaire de décider de la suite à donner à tout type d'offres, et plus aux dirigeants.

Chaque semaine amène son lot de sociétés en difficultés dans les pays occidentaux, avec cessation de paiements et autres dépôts de bilan, l'argument le plus fréquent étant la pression sur les prix exercée par les fournisseurs chinois. Mais qu'en est-il pour ces derniers ? Au vu des résultats financiers du 1er trimestre 2012, et même des puissances livrées, force est de constater que la plupart des sociétés du Top 10 sont aujourd'hui en difficultés, avec des pertes tous azimuts. Seul Yingli Green Energy semble tirer son épingle du jeu, avec à la fois un chiffre d'affaires et des livraisons en nette hausse séquentielle. État des lieux …

Seul point positif, si l'on ose dire, les pertes s'affichent en recul au 1er trimestre 2012 comparé au trimestre précédent : 119,2 M$ pour Suntech Power, 45 M$ pour Yingli Green Energy, 40 M$ pour Trina Solar, 48 M$ pour le sino-coréen Hanwha SolarOne, 13,5 M$ pour le sino-canadien Canadian Solar. Sauf pour First Solar qui affiche une perte nette de 449,4 M$.

Résultats financiers Q1-2012 : une sélection*


(Mis à jour le 12 juillet 2012)

Yingli Green Energy a dépassé Suntech Power autant en termes de chiffre d'affaires que de livraisons avec une hausse de ces dernières de 44,4% au premier trimestre. Une performance à mettre sur le compte d'une forte expansion de sa capacité d'assemblage et de livraisons accrues vers des pays particulièrement porteurs en ce début d'année comme l'Allemagne et les États-Unis. Le nouveau leader talonne de très près First Solar, qui a perdu une partie de son avance ces derniers mois. L'Américain restructure d'ailleurs ses activités, ce qui passe par une forte diminution de sa capacité d'assemblage (voir notre article), pour s'adapter à la concurrence accrue des panneaux PV chinois en silicium plus performants en terme de rendement de conversion que son offre couches minces (CdTe).

La société JA Solar pourrait, elle, se hisser dans le Top 10 si ses prévisions se confirment : elle avait annoncé des livraisons de 320 à 350MW pour le 1er trimestre 2012 lors de la publication de ses résultats 2011.

* Notre tableau ne répertorie que huit des dix premiers fournisseurs mondiaux. Il indique l'évolution du chiffre d'affaires au 1er trimestre 2012 en annuel (Y/Y, par rapport au 1er trimestre 2011) et en séquentiel (Q/Q, par rapport au trimestre précédent), ainsi que l'évolution des livraisons en séquentiel (Q/Q, comparé au trimestre précédent). A noter que LDK Solar vient tout juste de publier ses résultats pour l'exercice 2011 clos fin décembre. La société n'a pas indiqué de date de publication de ses résultats financiers du 1er trimestre 2012 ; le tableau comporte donc uniquement ses prévisions. Jinko Solar publiera, pour sa part, ses résultats financiers le 20 juin prochain. Enfin, Sharp, qui fait aussi partie du Top 10, ne publie pas de données détaillées concernant sa division solaire.

SoloPower, spécialiste des panneaux photovoltaïques à couches minces CIGS sur substrats souples vient de lever 7,1 millions de dollars supplémentaires auprès de ses actuels investisseurs, incluant Hudson Clean Energy Partners et Crosslink Capital, après avoir clos un tour de table de 20 millions de dollars fin décembre 2011 et obtenu un prêt de 197 millions de dollars garanti par le département américain de l'énergie. La firme californienne est en train de se doter d'un outil industriel en Oregon …

L'usine située à North Portland représente un investissement de 340 millions de dollars pour une capacité totale de production de 400 MW avec un effectif de 450 personnes. Le site devrait être opérationnel fin 2012.

La société canadienne Solantro Semiconductor, spécialisée dans l'électronique de puissance adaptée aux onduleurs pour le photovoltaïque, vient de lever 10 millions de dollars lors d'un premier tour de table mené par Black Coral Capital. Créée en 2009 à Ottawa, Solantro travaille sur un jeu de circuits intégrés visant à améliorer les rendements de conversion et à réduire les coûts ainsi que la complexité de la fonction conversion des systèmes PV. Le Canadien veut notamment offrir des solutions intégrées d'architecture de puissance distribuée aux intégrateurs de panneaux photovoltaïques et au secteur des micro-onduleurs …

Solantro précise dans un communiqué de presse avoir signé des accords de coopération avec une sélection de fabricants de panneaux PV, d'intégrateurs et de fournisseurs d'onduleurs sans dévoiler leurs noms. La société vise à développer des solutions de conversion intelligente (optimiseur DC, micro et nano-onduleurs) pour toutes les technologies de panneaux PV (silicium cristallin, intégré au bâti et couches minces) et pour des puissances de 50 W à plus de 300 W.
Presidio Ventures (une filiale de Sumitomo), la banque de développement commercial du Canada (BDC) et l'agence canadienne de développement à l'export (EDC) ont aussi participé au tour de table.

MiaSolé vient de dévoiler une efficacité surfacique de 15,5% pour un panneau photovoltaïque CIGS sur substrat souple souple de dimensions commerciales (1,68 m2), soit 2% de plus que son précédent record. La société américaine commercialise actuellement des panneaux PV affichant un rendement de 14% …

Le laboratoire indépendant NREL a confirmé ces valeurs.

La firme avait récemment annoncé un rendement surfacique de 17,3%,obtenu en R&D avec un panneau PV CIGS sur substrat souple.

La société allemande Solon, passée dans le giron de Microsol fin mars vient de signer un accord avec Elco Contracting & Services pour la construction "clé en main » de deux centrales photovoltaïques cumulant une puissance de 8 MW en Israël pour le compte du développeur de projets Enlight Renewables, implanté à Rosh Ha'Ayin, près de Tel Aviv. Les deux centrales solaires auront une puissance de 5 et 3 MW, et seront installées respectivement dans les kibboutz Kramim et Idan …

Suntech Power, fabricant chinois de panneaux photovoltaïques et leader mondial en terme de volume de livraison, vient de signer un accord avec Krannich Solar, distributeur allemand de systèmes photovoltaïques complets, pour la livraison de panneaux PV pour une puissance totale de 120 MW sur l'année 2012. Les deux sociétés coopèrent depuis 2007.

L'Américain Advanced Solar Photonics vient d'investir un montant non dévoilé pour augmenter sa capacité d'assemblage de panneaux photovoltaïques en silicium cristallin dans son usine de Floride, qui atteint désormais 130 MW. ASP est une des rares sociétés à proposer un panneau PV de 400 W comprenant 96 cellules solaires en silicium monocristallin (dans sa série BlackStar). Ce dernier mesure 1960 mm x 1308 mm x 40 mm et pèse 35 kg.

L'Américain First Solar vient de mettre au chômage partiel 120 des 240 employés en train d'installer la centrale photovoltaïque de 250 MW d'Antelope Valley Solar Ranch One pour Exelon près de Los Angeles, selon Greentech Media. Apparemment, la découverte, lors d'une inspection de routine, que les connecteurs électriques des 3,7 millions de panneaux PV en CdTe de First Solar n'avaient pas l'homologation UL de sécurité requise par le permis de construire a stoppé les travaux.

L'Allemand Odersun, installateur de centrales photovoltaïques essentiellement en intégré au bâti et avec des panneaux PV à couches minces, avait déposé le bilan fin mars dernier. N'ayant pas trouvé d'investisseurs à ce jour, le liquidateur judiciaire vient d'annoncer que la société va fermer définitivement ses portes à la fin mai, sauf miracle de dernière minute. Quelque 260 emplois passent à la trappe même si les négociations avec des repreneurs potentiels devraient encore continuer.

Pramac, fournisseur italien de panneaux photovoltaïques à couches minces, est en cessation de paiements. Ses actionnaires ont refusé la restructuration financière proposée par la direction après plus de 94 M€ de pertes nettes l'an passé. Pramac dispose d'une ligne de production de 30 MW pour des modules solaires en technologie micromorphe d'Oerlikon qui a récemment vendu son activité solaire au Japonais Tokyo Electron.

La société suisse VHF Technologies, plus connue sous la marque Flexcell, est en difficultés financières et a arrêté sa production de films photovoltaïques à couches minces à Yverdon-les-Bains. Selon le quotidien régional La Côte, la société d'investissement Capricorn Capital serait prête à injecter 8,5 millions de francs suisses si, pendant la période de sursis de quatre mois accordée par le tribunal, le carnet de commandes se remplit avec la nouvelle stratégie vers le haut de gamme, en visant par exemple un store solaire.

Silicio Solar, fabricant de tranches de silicium pour cellules solaires, a demandé l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire pour partir à la recherche de nouveaux investisseurs. L'Espagnol avait stoppé la production dans son usine de 300 MW de Puertollano en automne 2011 pour une période qui devait initialement durer jusqu'en février 2012, au moins. La société souffre de la chute du prix des tranches de silicium de plus de 50% l'an passé.

Le Taiwanais AE Polysilicon, fabricant de silicium et filiale du fabricant de cellules solaires Motech, vient de stopper sa production. Les équipements seront vendus.

Silex Solar, seul fabricant de cellules solaires et assembleur de panneaux PV (ex-BP Solar) en Australie, vient de décider d'arrêter son activité d'assemblage d'ici à fin juin 2012, après avoir déjà fermé son usine de cellules solaires l'an passé. Le nombre d'employés touchés n'a pas été dévoilé. Son compatriote Edson, spécialisé dans le solaire thermique pour l'eau chaude sanitaire (CA : 8 M$), vient, lui, d'être placé sous administration judiciaire.

Entré dans l'arène du solaire en décembre 2009, Soitec publie aujourd'hui un carnet de commandes de 350 MW pour un chiffre d'affaires de 700 millions de dollars pour sa division photovoltaïque à concentration (CPV). « Nous sommes entrés sur le marché du solaire avec une rupture technologique et visons une place de leader équivalente à celle de notre cœur de métier historique dans les matériaux pour semiconducteurs. D'ici trois ans, après la phase actuelle de forts investissements, notre activité solaire devrait être équivalente en terme de chiffre d'affaires et de rentabilité à l'activité électronique », précise André Jacques Auberton-Hervé, pdg de la société grenobloise, à l'occasion de la publication de ses résultats financiers 2012. En attendant, la société tente de mettre toutes les chances de son côté …

Soitec a installé en octobre-novembre 2011 sa première centrale CPV commerciale en Afrique du Sud, à Hazelmere (500 kW, 32 panneaux Soitec CX-S420) ; elle a été inaugurée en présence du président sud-africain Jacob Zuma.

Avec sa technologie CPV qui fait appel à des trackers pour suivre le soleil et affiche un rendement jusqu'à trois fois plus efficace que le PV traditionnel, Soitec vise « un coût global de production d'électricité (LCOE) d'environ 10 c€/kWh dans cinq ans, comme nos concurrents », pour reprendre les termes d'André-Jacques Auberton-Hervé. Pour autant, sa technologie présente des avantages certains : un rendement de 30% au niveau du panneau CPV, donc déjà près de deux fois plus qu'un panneau PV standard ; une adéquation avec les marchés émergents aujourd'hui dans les pays à fort ensoleillement direct où le CPV apporte toute sa valeur et où le rendement est le critère de choix déterminant ; et, enfin, un coût d'exploitation peu gourmand (en eau et en énergie). Soitec mise essentiellement sur des grandes fermes solaires au sol, mais également sur des systèmes PV en sites isolés hors réseau, notamment avec le mini-tracker Plug & Sun (voir notre article)

A noter aussi qu'une installation CPV Soitec aboutit aussi à un bilan énergétique neutre en l'espace de seulement 9 mois.

Les travaux de R&D en cours visent en outre encore à augmenter, d'ici 5 ans, les rendements des cellules solaires à 50%, contre 40% aujourd'hui, et ceux des panneaux CPV à 40%, contre 30% actuellement. « Avec une technique de concentration solaire de haut rendement occupant moins d'espace au sol à puissance équivalente comparé au PV classique et des techniques d'assemblages standardisées peu coûteuses, nous sommes aujourd'hui déjà en mesure d'atteindre un LCOE compétitif, équivalent aux autres technologies », avance Gaetan Borgers, vice-président exécutif de la division depuis mars dernier, qui apporte une double expérience, celle du développement d'une activité solaire et celle de l'international, acquise auprès de l'américain Dow Corning. « Ceci sans l'historique équivalent des volumes installés dans d'autres technologies », souligne André-Jacques Auberton-Hervé. « Notre courbe d'apprentissage, et donc la baisse des coûts qui y est associée, se situe encore devant nous. »

Sur l'exercice fiscal 2011-2012 clos le 31 mars dernier, Soitec a réalisé un chiffre d’affaires de 323,4 millions d’euros, en hausse de 15,1% par rapport à l’exercice précédent ; sa perte opérationnelle courante atteint 45,8 millions d’euros tandis qu'une charge financière nette de 8,9 millions d’euros conduit à une perte nette (en part du groupe) de 56,3 millions d’euros. Dans son activité historique, le chiffre d'affaires a progressé de 15%, à 316,6 millions d’euros.

Dans le solaire, les ventes ont évolué de 17%, à 6,8 millions d'euros, et la perte opérationnelle s'est creusée de 24,9 à 44,9 millions d'euros. En développement, ce secteur nécessite en effet aujourd'hui encore des investissements significatifs, autant sur l'outil de production, pour augmenter à 80 MW la capacité sur le site historique de l'activité Soitec Solar (ex-Concentrix Solar) à Fribourg, en Allemagne, et pour la mise en place d'une usine de 270 MW à San Diego, aux Etats-Unis, destinée à servir les marchés locaux d'ici fin 2012 (plus de 300 MW à livrer sur les trois prochaines années), que dans la R&D pour aboutir à des cellules solaires de plus haute efficacité. Parallèlement, Soitec Solar va doubler ses effectifs à 500 employés d'ici la fin de l'année, essentiellement pour l'outil de production.

Parallèlement, la firme grenobloise prépare une nouvelle diversification, cette fois dans l'éclairage avec les diodes électroluminescentes, un secteur où l'énergie est aussi l'enjeu primordial.