Le PV allemand est toujours à la peine. Après plusieurs de ses compatriotes, c'est aujourd'hui au tour de la société berlinoise Soltecture (ex-Sulfurcell), spécialisée dans les panneaux photovoltaïques à couches minces (CIS et CIGS), d'engager une procédure de dépôt de bilan. Raisons invoquées : les difficultés de financement, et le spectre de la cessation de paiements, et la concurrence croissante due à la baisse drastique des prix des panneaux PV en silicium …

publicité

Fin 2010, la société avait dévoilé des cellules solaires CIGSe avec un taux de conversion certifié de 12,4% puis de 13%. La production en série avait été lancée, avec trois lignes d'assemblage pour des modules CIS, CIGS (sulfure de cuivre-indium-gallium) et CIGSe (séléniure de cuivre-indium-gallium). D'après la feuille de route de Soltecture, le cap des 14% devait être atteint au printemps 2012.

Les mauvaises nouvelles continuent pour le Norvégien REC Solar. Après l'arrêt total de la production de tranches de silicium monocristallin de 300 MW à Glomfjord, en Norvège, il y a un mois, et dans la perspective de résultats financiers négatifs, le groupe verticalement intégré stoppera au second trimestre également l'activité restante dans son usine de tranches de silicium multicristallin (650 MW) de Heroya,supprimant ainsi 640 emplois. Au 1er trimestre 2012, REC a réalisé un chiffre d'affaires de 282,9 millions d'euros, en baisse de 25% comparé au 4e trimestre 2011 ; son résultat net affiche 27,6 millions d'euros de pertes, contre 328 millions au trimestre précédent …

« Le marché du solaire a changé de façon dramatique ces dernières années. Malgré une solide croissance de la demande, la surcapacité continue d'affecter négativement les prix des tranches. A Heroya, nous avons augmenté la qualité, et réduit les coûts de plus de 25% par an depuis deux ans. Mais, avec la concurrence chinoise et des prix en baisse à un tiers de leur valeur d'il y a deux ans, cela n'a pas suffi », explique Ole Enger, président et CEO de REC.

Au premier trimestre 2012, le prix moyen de vente du silicium multicristallin a baissé de 15%, celui des tranches de silicium de 24% et celui des panneaux photovoltaïques de 18%.

La bulle du photovoltaïque serait-elle en train d'exploser ? First Solar, leader dans le domaine des panneaux photovoltaïques à couches minces (en CdTe), vient d'annoncer une restructuration de grande envergure, qui inclut la fermeture de son site de Francfort/Oder, en Allemagne, d'ici au 4e trimestre 2012, soit à peine un an après en avoir doublé la capacité d'assemblage (voir notre article), et l'arrêt, quasi immédiat et pour une durée indéterminée, de quatre lignes de production dans son usine de Kulim, en Malaisie. Ambiance …


Le site de Frankfurt/Oder avait atteint 500 MW de capacité d'assemblage à l'automne dernier, une 2e usine ayant apporté 250 MW supplémentaires au terme d'un investissement de 170 M€.

« Après une analyse approfondie, il est clair que le marché européen s'est détérioré à un point tel que nos usines locales ne sont économiquement plus soutenables. Les garder n'est pas dans l'intérêt de nos actionnaires sur le long terme », a ainsi signalé Mike Ahearn, président et CEO par intérim de First Solar.

Pour cette restructuration, First Solar prévoit des dépenses de 245 à 370 millions de dollars, dont notamment 150 à 200 M$ pour la fermeture de l'usine de Francfort/Oder, 50 à 70 M$ pour les indemnités de licenciement du personnel, et 30 M$ pour le remboursement d'une aide publique reçue de l'état fédéral de Brandebourg.

Ces mesures pour le moins drastiques et d'autres actions en Europe et aux Etats-Unis vont réduire de 30% l'effectif mondial de First Solar, soit quelque 2000 emplois. L'Américain compte ainsi diminuer ses coûts de fonctionnement de 30 à 60 millions de dollars cette année, puis de 100 à 120 millions de dollars sur les années suivantes. Parallèlement, le coût moyen de production devrait s'améliorer et atteindre 0,70 à 0,72 $/W en 2012, contre 0,74 $/W prévu jusqu'ici. En 2013, la société vise à baisser encore ses coûts à 0,60 – 0,64 $/W.

Dans un premier commentaire, la société d'études IMS Research, récemment rachetée par IHS, estime que la décision de First Solar démontre l'intense pression que subissent même les fabricants de panneaux PV avec les coûts de production les plus bas pour réduire encore leurs coûts. First Solar produisait pour un coût inférieur d'environ 50% à celui d'un fournisseur chinois typique de panneaux PV c-Si de 1er rang en 2009. La très forte baisse du prix du silicium a ramené la différence de coût à seulement 0,10 $/W aujourd'hui, et l'écart devrait encore s'amenuiser en 2012.

La demande étant en outre très volatile sur le marché européen, une production locale, coûteuse et peu flexible, relèverait d'un véritable défi. Les sévères modifications des aides gouvernementales au photovoltaïque ont changé la dynamique des marchés en Europe, et ont en particulier limité la croissance du segment des grandes centrales PV au sol. Ce qui est une mauvaise nouvelle supplémentaire pour First Solar, très présent justement sur ce marché.

L'Américain SunPower (groupe Total) vise à réduire ses coûts de production de cellules solaires afin d'arriver à 0,86 $/W d'ici fin 2012. Pour cela, il ferme une usine aux Philippines sous couvert de l'industrialisation de sa nouvelle génération de cellules (Maxeon Gen E). Cette dernière est en cours de transfert sur les douze lignes de fabrication de sa deuxième usine (Fab 2) aux Philippines. Les douze lignes devraient être converties à Maxeon Gen 2 d'ici à la fin de l'année. Coût de la restructuration : entre 50 et 70 millions de dollars …

La diminution de capacité de production (125 MW) de SunPower résultant de la fermeture de l'usine Fab 1 sera compensée par l'amélioration de la productivité et de l'exploitation machines dans les usines Fab 2 et Fab 3. Les employés de Fab 1 seront transférés à Fab 2. Les trois usines se trouvent aux Philippines.

L'usine Fab 1 arrêtera progressivement la fabrication de cellules solaires et sera reconvertie pour une autre activité industrielle. Pour cela, SunPower travaille avec Deca Technologies, un sous-traitant spécialisé dans l'assemblage et l'encapsulage de puces pour l'industrie du semiconducteur dont l'Américain détient une part minoritaire du capital.

La société Evasol, spécialisée dans le photovoltaïque, qui était devenue le leader des systèmes clés en mains pour les particuliers, s'organise afin de mettre en pratique son plan de (re)développement « Evasol 2015 » avec une diversification vers l'efficacité énergétique, grâce au redressement judiciaire accepté la semaine dernière par le Tribunal de commerce de Lyon. « Cette procédure est un véritable soutien. Elle crée un contexte sécurisant et nous permet de mener le plan de restructuration à un rythme soutenu, sur deux mois », nous a ainsi confié Stéphane Maureau, fondateur et directeur général d’Evasol …

« Nous misons désormais sur deux piliers, les énergies renouvelables et la maîtrise/réduction de la consommation énergétique. Nous croyons toujours à l'énergie solaire, et nous avons participé à l'appel d'offres pour les grandes toitures photovoltaïques avec Evasol PRO via des clients. Nous en saurons plus dans les jours qui viennent. Mais il faudra encore quelques années avant que ce secteur n'explose à nouveau. La parité réseau sera atteinte rapidement dans le Sud du pays mais qu'en est-il ailleurs ? A court terme, le secteur continue aussi de souffrir de la violente communication négative véhiculée l'an passé », nous a précisé Stéphane Maureau.

Dans le cadre d'Evasol 2015, le redressement judiciaire présente l’avantage de conforter ses partenariats bancaires et de faciliter les adaptations de structure nécessaires. « Nous ne pourrons malheureusement échapper à une restructuration de notre siège social mais nous recrutons par ailleurs entre 3 et 5 personnes par mois », a souligné M. Maureau.

Face à l'effondrement de son marché historique, Evasol a donc choisi d'accélérer son processus de diversification. Les compétences qui ont fait d’EVASOL un leader du photovoltaïque – mélange réussi de savoir-faire techniques et organisationnels, d’une maîtrise des ventes directes adossées à une école interne de formation commerciale et d’une culture orientée sur le service-client – sont autant d’atouts pour permettre à l’entreprise de renouer avec ses succès passés. S'y ajoute son image de marque, avec un parc de 14000 clients.

A ce jour, Evasol a un carnet de commandes fermes de plus de 7 millions d’euros. Selon le quotidien Les Echos, la société tablerait sur un chiffre d'affaires de 35 millions d'euros en 2012.

Petit historique
Créée en mars 2007, la société Evasol était devenue en moins de deux ans le premier installateur de systèmes photovoltaïques clés en mains pour les particuliers. Ceci avec un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros sur son premier exercice, porté à 39 millions d’euros en 2008. Et la société ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin. Elle affichait ainsi un CA de 72 M€ en 2010 et de 75 M€ en 2011 … et visait 120 M€ cette année. Mais l'exercice 2012 clos fin mars devrait se solder par un chiffre d'affaires de 20 M€.

Son démarrage s'est accompagné de la création de 270 emplois directs en CDI et 200 emplois indirects chez des partenaires, essentiellement des couvreurs, à fin 2008. Les raisons de ce succès : une professionnalisation de toutes les fonctions de l’entreprise et une rigueur indispensable dans ce marché en friche qui attirait à l'époque de nombreux nouveaux entrants ; une réalisation de la partie électrique finale des installations PV à 100% par ses propres équipes ; le contrôle des installations par le Consuel ; l'habilitation par ERDF à effectuer le raccordement des installations de ses clients au réseau ; la sécurité au travail régie par des règles extrêmement sévères (trophée national de la maîtrise des risques dans les métiers du bâtiment décerné par AXA).

La première démarche d’Evasol avait été de former des technico-commerciaux aux connaissances techniques du photovoltaïque et aux méthodes de ventes, avec un souci de déontologie : « les mesures incitatives pour développer le photovoltaïque en France sont suffisamment attractives pour éviter toute surenchère, un commercial n’a pas de raison de vendre son âme au diable », assurait ainsi Stéphane Maureau en 2009.

Néanmoins, les turbulences n'ont cessé de s'intensifier courant 2010, couronnées à la fois par le moratoire de décembre 2010 à mars 2011 suivi de la nouvelle réglementation tarifaire. Tout cela a mis à mal, contrairement à toute logique, le secteur du résidentiel, et a durement impacté la société comme tant d'autres dans la filière photovoltaïque. Malgré cela, Evasol a confirmé sa réactivité et sa force d’innovation, notamment en présentant sur le salon des énergies renouvelables de Lyon en février 2011 des solutions d’intégration aux bâtiments pour bénéficier d’un tarif d'achat optimal dans l’habitat résidentiel et les grands bâtiments et en s'orientant plus à l’export, notamment vers l'Italie. Pour une nouvelle phase de croissance, la société de Limonest a en outre pris le virage de l'efficacité énergétique d'abord à l'occasion de la semaine du développement durable l'an passé, en proposant d'accompagner les particuliers dans leurs initiatives en faveur des économies d'énergie, puis en lançant une campagne de recrutement de 75 collaborateurs dans un premier temps pour cette activité, et en prévoyant de doubler cet effectif ultérieurement.

L'avenir de Q-Cells, ex-leader mondial dans les cellules solaires, semblait, a priori, être de nouveau sur les rails il y a un mois grâce à un accord avec ses créanciers mais une décision de la cour d'appel de Francfort le 27 mars dernier a tout changé. L'étude de solutions alternatives n'ayant pas abouti, la société de Bitterfeld-Wolfen a conclu qu'une continuité sécurisée de l'activité ne pouvait être assurée dans le contexte actuel et a décidé de demander ce jour l'ouverture d'une procédure de cessation de paiements auprès du tribunal de Dessau afin de tenter de « trouver des solutions avec un liquidateur judiciaire » …

Q-Cells est la quatrième société allemande d'envergure à déposer le bilan, sans que ce soit vraiment une surprise. Sur l'exercice 2011, Q-Cells a en effet réalisé un chiffre d'affaires de 1023,1 M€, et tout juste atteint l'objectif espéré de dépasser le milliard d'euros dans le contexte actuellement difficile sur le marché du photovoltaïque. Outre un CA en recul de quelque 25% (1354,2 M€ en 2010), les pertes opérationnelles s'établissent à 717,4 M€, et les pertes nettes à 845,8 M€.

Clairement, le plan de restructuration prévu ne pouvant être mis en œuvre, Q-Cells n'a pas souhaité s'exposer à une procédure longue à l'issue incertaine. La cour d'appel de Francfort a en effet refusé, en dernière instance, un plan similaire de restructuration mis sur pied ... en 2009 par la société allemande Pfleiderer (ex-leader mondial dans les bois d'ingénierie, les produits finis traités en surface et les planchers laminés) à l'aide d'un accord avec les créanciers, qui prévoyait un échange dettes-capital (debt-to-equity-swap) avec un transfert d'une partie du capital de la société vers les créanciers. Ce plan a maintenant été déclaré irréalisable par voie de justice suite au dépôt d'une plainte par une minorité de créanciers contre la majorité signataire.

Partant, une procédure de cessation de paiements devenait légalement nécessaire, Q-Cells n'ayant en outre guère de chance de bénéficier d'une aide quelconque de l'état fédéral de Saxe-Anhalt. « L'état ne peut pas soutenir financièrement des sociétés dans cette situation », aurait ainsi dit Reiner Haseloff, ministre-président de Saxe-Anhalt, cité dans le quotidien Sächsische Zeitung.

L'Allemand Solarhybrid a demandé l'ouverture d'une procédure de cessation de paiements auprès du tribunal compétent le 20 mars dernier. La baisse des tarifs d'achat outre-Rhin, et notamment l'exclusion des centrales photovoltaïques de plus de 10 MW du dispositif, aurait totalement remis en question la viabilité du modèle commercial de la société dont la vocation réside justement dans le développement et la réalisation de grandes centrales PV …

Solarhybrid avait annoncé début février la reprise de son compatriote Solar Millenium, dont notamment l'activité nord-américaine se distinguait par un carnet de commandes de 2,25 GW. Cette reprise était conditionnée par une levée de garanties liées aux projets nord-américains avant fin mars 2012. Solar Millenium est déjà en dépôt de bilan. Son liquidateur judiciaire est maintenant reparti à la recherche de nouveaux investisseurs.

Lors d'une audience le 7 mars dernier, le Tribunal de commerce de Nevers a choisi de maintenir en observation pour six mois supplémentaires la société Energia, filiale de GDF-Suez, spécialisée notamment dans l'installation de panneaux photovoltaïques et en redressement judiciaire depuis octobre 2011. Le plan de sauvegarde présenté par la maison mère, qui prévoyait une continuation de l'activité avec un effectif réduit d'un bon tiers et une dotation de 3,9 millions d'euros aux licenciements, n'a pas été retenu …

Le tribunal se propose d'étudier le cas d'Energia lors d'une nouvelle audience le 2 mai prochain.

Selon Les Echos, Energia avait réalisé un chiffre d'affaires de près de 35 millions d’euros en 2010 mais de seulement quelque 10 millions d'euros en 2011, avec un carnet de commandes en chute de 70%.

Energy Conversion Devices (ECD), l'un des pionniers américains dans les énergies renouvelables, vient de déposer une demande de protection de la faillite sous chapitre 11 auprès du tribunal des banqueroutes du Michigan. Dans ce contexte, la société cherche à vendre certaines de ses activités, notamment sa filiale United Solar Ovonic (USO), ou Uni-Solar, qui commercialise des laminés photovoltaïques à couches minces en silicium amorphe à triple jonction …

United Solar continuera à exercer son activité pendant le processus, mais a décidé de déposer aussi une demande de protection sous chapitre 11. Les laminés PV Uni-Solar sont utilisés sur des toitures terrasses commerciales et industrielles, en intégré au bâti. Le fabricant français de cosmétiques Sisley avait ainsi équipé son centre logistique à Saint-Ouen-l'Aumône d'une toiture PV de quelque 850 kWc de puissance, en installant en l'occurrence une membrane photovoltaïque en deuxième couche sur une couche d'étanchéité bitumineuse (concept Soprasolar de Solardis). La prochaine génération de membranes PV Uni-Solar devrait afficher un rendement de conversion de 12%, contre environ 10% aujourd'hui.

Le redressement judiciaire de Solar Integrated Technologies, filiale d'ECD spécialisée dans l'ingénierie et le développement de projets PV aux États-Unis et en Europe, sera l'objet d'une procédure séparée. L'entité continuera ses activités pendant le processus, mais indépendamment d''ECD et d'USO.

A la veille du dépôt de bilan, ECD avait apparemment encore réussi à vendre sa filiale Ovonic Battery, inventeur de la technologie de pile NiMH rechargeable, à l'Allemand BASF pour 58 millions de dollars. Enfin, ECD détient également 39% du capital d'Ovonyx, qui commercialise des mémoires RAM à changement de phase, à côté d'investisseurs tels qu'Intel.

Après une offre de reprise déposée à la dernière minute, le 10 février dernier, par EDF via sa filiale EDF ENR (EDF Énergies nouvelles réparties), l'avenir de Photowatt fait l'objet, aujourd'hui, d'une visite du président de la république Nicolas Sarkozy qui rencontre à huis clos les représentants du personnel et s'adressera ensuite de façon informelle aux employés de l'usine de Bourgoin-Jallieu. L'industriel français serait désormais convoité par trois ou quatre industriels ou groupement d'industriels, mais l'on ne parle presque plus que d'EDF. Le tribunal devrait trancher le 21 février prochain …

Le président de la république est accompagné de Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, Xavier Bertrand, ministre du travail et de l'Emploi, et Eric Besson, ministre chargé notamment de l'énergie.

Concernant Photowatt, les autres offres de reprise ont été déposées par le fabricant d'équipements ECM Technologies, avec des partenaires financiers, par un consortium industriel composé de Solarezo et de MPO International, ainsi que par Label R, qui serait un groupe tunisien. Le comité d'entreprise et les représentants syndicaux examineront les différentes offres tout au long de la semaine pour avis consultatif, puis les communiqueront au personnel de Photowatt après autorisation de l'administrateur judiciaire.

Échéances électorales obligent, le dossier Photowatt est devenu une affaire éminemment politique ces derniers jours. Le groupe EDF explique, lui, sa stratégie concernant Photowatt par sa présence aux côtés de ce dernier dans PV Alliance, une entité de recherche et développement créée en 2008 et dédiée aux technologies photovoltaïques, qui travaille à la fois sur l’homojonction classique et sur l’hétérojonction. Ce dernier process est aujourd'hui considéré comme le plus porteur pour fabriquer des cellules silicium avec un rendement supérieur à 20%. EDF et Photowatt détiennent chacun 40 % des parts de PV Alliance et le CEA 20 %.

L'offre d'EDF ENR sera notamment conditionnée, est-il précisé dans un communiqué, à la reprise de 100% de PV Alliance et à l'obtention d'une licence d'exclusivité mondiale sur la technologie hétérojonction. En prévoyant le maintien de la majorité des 430 salariés actuels au sein de Photowatt et le reclassement des autres au sein du groupe, elle pourrait bien remporter la mise au tribunal face aux autres repreneurs. On ne peut que se demander pourquoi EDF a attendu la dernière limite pour avancer ses pions, et peut-être coiffer tout le monde sur le poteau.

Mais cela suffira-t-il à pérenniser Photowatt ? Certainement pas. Les difficultés de Photowatt, et en partie celles de la filière française du photovoltaïque dans son ensemble, résultent au moins autant du retard considérable pris depuis 10 ans (et plus) dans ce secteur, aux plans industriel et de la R&D, que de la politique, plus récente, du stop-and-go du gouvernement quant au cadre réglementaire et aux tarifs d'achat de l’électricité PV.

Si, en France, la R&D s'est redressée pour montrer aujourd'hui un dynamisme certain dans le photovoltaïque, visiblement, la stratégie politico-industrielle doit toujours passer, elle, dans ce secteur comme dans tant d'autres en France, par des « grands champions ». Des EDF ou Total, qui non seulement ont freiné l'arrivée des énergies alternatives tant qu'ils le pouvaient, mais aussi ne sont nullement des garants pour leur développement futur sur l'Hexagone, ni pour un avenir radieux d'une société comme Photowatt.

En France, et plus généralement en Europe, une entreprise industrielle se doit d'être à la pointe de la technologie, condition indispensable à sa compétitivité dans un monde où la différence en terme de coûts salariaux est de près de 20% en sa défaveur. Et quand il doit y avoir consolidation, rien ne remplace une vraie feuille de route et les moyens financiers appropriés avec des objectifs de « time to market » et de « time to volume » économiquement raisonnables.

Alors, quid de l'avenir de Photowatt ? À suivre dans un prochain numéro ...

Confronté à de graves difficultés financières, l'Allemand Q-Cells a réussi à s'entendre avec ses créanciers pour restructurer ses dettes : l'accord de principe obtenu avec les principaux détenteurs d’obligations arrivant à échéance en 2012, 2014 et 2015 prévoit un échange dettes-capital (debt-to-equity-swap), et les créanciers détiendront désormais presque tout le capital (à hauteur de 95%) de la société. Grâce à ce compromis, cette dernière estime pouvoir se reconcentrer maintenant sur la croissance et les opportunités futures offertes par le marché du photovoltaïque …

L'accord prévoit par ailleurs un paiement comptant de 20 millions d’euros aux détenteurs d’obligations arrivant à échéance en 2012 à effectuer au terme de l’aboutissement de la restructuration financière. La réalisation de la vente d’actifs périphériques pourrait permettre de dégager jusqu’à 200 millions d’euros dans les prochaines années, somme qui serait également reversée ensuite aux créanciers.

Cet accord reste soumis à l’approbation des détenteurs d’obligations, des actionnaires de Q-Cells SE et des autorités compétentes.

Comme nous l'avions annoncé la semaine dernière (voir notre article), le tribunal de commerce de Vienne (Isère) a décidé, lors de l'audience du 17 janvier dernier, de repousser au 10 février la date limite de dépôt des dossiers pour la reprise pour Photowatt, et a fixé une nouvelle date d'audience au 21 février 2012. Selon Lyon-Entreprises.com, ce report aurait suscité un afflux de candidatures, surtout qu'il semblerait que l'État pourrait promettre des commandes globales de l'ordre de 240 millions d'euros sur trois ans …

Le comité d'entreprise de Photowatt a, pour sa part, précisé dans un communiqué que, concernant les offres de reprise, « beaucoup de noms ont circulé dans la presse mais aucune offre n'a été déposée... Nous comptons sur l'intervention de l'État pour que Photowatt soit, en partenariat avec le CEA, un acteur majeur de la construction d'une filière photovoltaïque en France. L'intervention de René Ricol, responsable des investissements d'avenir liés au grand emprunt, nous semble témoigner de l'intérêt que l'État porte à ce dossier. Cela nous permet d'espérer une « sortie par le haut ». »

Schott Solar ferme son usine de tranches de silicium pour le solaire à Jena (Allemagne), impactant 290 employés pour lesquels des reclassements sont prévus dans d'autres activités du groupe. Cette restructuration est devenue indispensable dans le contexte actuel de baisse des coûts dans le PV, l'usine de Jena n'étant plus rentable. Schott maintient son centre technologique ainsi que la production de panneaux photovoltaïques à couches minces à Jena …

Après l'annonce de la réduction de 60% des activités de son usine de tranches de silicium multicristallin de Heroya (Norvège) pour le 1er trimestre 2012, REC adapte également son site norvégien de Glomfjord à la conjoncture ; l'usine de 300 MW dédiée aux tranches de silicium monocristallin réduira sa production de 50% au 1er trimestre 2012, ce qui affectera 65 employés. Au total, REC devrait produire 105 MW de tranches de silicium mono et multicristallin en Norvège ce trimestre. L'usine verticalement intégrée de Singapour tourne, par contre, à plus de 98% de ses capacités annuelles de 700 MW (des tranches de silicium aux panneaux PV), tout comme la production de silicium de REC aux États-Unis (19000 tonnes) …

L'Américain Satcon, fabricant d'onduleurs, ferme, lui, son usine de production au Canada, vise à concentrer ses activités sur le développement de produits et sur les grands projets clés en main, et supprime 140 emplois dans le monde, soit 35% de ses effectifs. La firme cherche néanmoins à passer un accord avec un sous-traitant au Canada pour produire ses onduleurs sur place, afin que ses clients puissent continuer à bénéficier des tarifs d'achat de l'Ontario.

ARTICLE REMIS A JOUR (18 janvier 2012) - L'avenir de Photowatt, acteur historique du solaire en France, se décidera, peut-être le 21 février prochain. A l'audience du 17 janvier dernier, le tribunal de commerce de Vienne (Isère) a en effet choisi de reporter la date de dépôt des dossiers au 10 février et annoncé une nouvelle audience pour le 21 février …

L'avenir de Photowatt devait se préciser ce mardi 17 janvier, après une audience du Tribunal de commerce de Vienne (Isère) pour traiter les offres de reprise (voir notre article) déposées jusqu'au vendredi 13 janvier. Divers noms d'industriels intéressés ont circulé ces derniers jours dans la presse nationale. Selon toute vraisemblance, le tribunal devrait toutefois décider de reporter sa décision afin de permettre à certains repreneurs potentiels de préciser leurs offres.

Selon le quotidien Les Echos, EDF Énergies Nouvelles se serait aussi placé sur les rangs, par le biais de Pâris Mouratoglou, fondateur et encore président d'EDF EN mais sur le point de quitter ses fonctions.

Parmi les autres industriels intéressés figureraient, notamment, ECM Technologies, MPO International, Solarezo, STMicroelectronics ou encore l'Autrichien Solar Active, avec des projets de reprise en partie en coopération avec des holdings financières.

Après la société allemande Solon, son compatriote Solar Millenium, intégrateur, développeur et réalisateur de centrales solaires thermodynamiques, a demandé à son tour l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire, les négociations avec le développeur de projets solaires Solarhybrid concernant la vente de projets américains d’une puissance de 2,25 GW n’ayant pas abouti …

Le groupe n’avait pas non plus trouvé d’investisseur pour son projet de centrale solaire Ibersol en Espagne. Le développement de la société dépendait de ces financements. A défaut, le dépôt de bilan était l'issue inéluctable.

Entretemps, Solarhybrid aurait revu à la baisse le volume des projets qu'il souhaite racheter, à 1,75 GW. Selon l'administrateur judiciaire Volker Böhm de la société Schultze & Braun, nommé par le tribunal d’instance de Fürth, les négociations avec Solarhybrid seraient actuellement à un stade avancé. D'autres investisseurs seraient toutefois aussi sur les rangs, pour reprendre tout ou partie du groupe Solar Millenium dont la structure très hétérogène compte quelque 60 sociétés de projets de par le monde, notamment en Egypte, en Israël, au Maroc, en Turquie, en plus de l'Allemagne, des Etats-Unis et de l'Espagne.

Le cabinet Bauland, Gladel & Martinez, administrateurs judiciaires associés, vient de publier un appel d'offres pour la reprise de Photowatt avec une date limite fixée au 13 janvier 2012. Parallèlement, un collectif de chercheurs français, reconnus dans le secteur du photovoltaïque, appellent à « faire de la crise une opportunité pour un nouveau départ dans le contexte d’une filière photovoltaïque française performante » …

Le cabinet Bauland, Gladel & Martinez précise : Photowatt (444 salariés) est le leader historique de la conception et de la fabrication de cellules photovoltaïques en France et une entreprise à la pointe de l'innovation dans le domaine des technologies solaires, avec un savoir faire dans toutes les étapes de la production, de la mise en œuvre du matériau (lingots et tranches de silicium, cellules solaires) jusqu'à l'installation de solutions clés en mains sur toitures ou champs solaires.

Sa capacité de production s'établit à 81 MW dans les lingots de silicium, 68 MW dans les tranches de silicium, et 50 MW dans les cellules solaires. Le chiffre d'affaires sur l'exercice 2011 (clos le 31 mars) s'élevait à 159 M€, contre 131 M€ sur l'exercice 2010.

Le collectif de chercheurs reconnus du secteur du photovoltaïque en France a, lui, publié un communiqué concernant la situation de Photowatt pour lancer un appel à tenir le cap et dépasser cette situation de façon positive. Ce groupe de chercheurs comprend Daniel Lincot, directeur de recherche au CNRS à Paris, Abdellilah Slaoui, directeur de recherche au CNRS à Strasbourg, Santo Martinuzzi, ancien professeur de l'université de Marseille, Jean Eric Bourée, ancien chercheur au CNRS-École Polytechnique, Bernard Equer, ancien directeur de recherche au CNRS-École Polytechnique (ces trois derniers aussi expert indépendant), Mustapha Lemiti, professeur à l'université de Lyon, Arnaud Etcheberry, directeur de recherche au CNRS-Versailles, et Alain Dollet, directeur de recherche au CNRS à Perpignan.

Extraits du communiqué
« Les chercheurs soulignent le potentiel scientifique, technologique et humain remarquable de l’entreprise Photowatt, intégrant l’ensemble de la chaîne de production de la technologie silicium. La disparition de ce potentiel porterait un coup à la construction d’une filière photovoltaïque française performante et solidaire. Ils considèrent que la crise est conjoncturelle et peut être surmontée. Ils appellent à des initiatives dans ce sens en mettant l’accent sur l’innovation industrielle et le développement de liens étroits avec la recherche.
...
Notre vision est donc que la crise de Photowatt, aussi dramatique qu’elle soit, peut représenter une opportunité pour le développement de l’ensemble la filière photovoltaïque française (de l’amont à l’aval) que l’on réclame de toutes parts, à juste titre. Elle maintiendra en France, dans un contexte local de renforcement des synergies existantes - et, nous l’espérons, avec un leadership français -, une brique industrielle essentielle accumulant près de trente ans de savoir faire technologique et d’innovations, qui ne demande qu’à rebondir lorsque le contexte de compétition nous redeviendra favorable, ce qui ne saurait manquer. Elle permettra aussi la sauvegarde maximum de l’emploi au sein de l’industrie photovoltaïque des personnels durement touchés dans l’ensemble du secteur. Dans ces conditions la crise de Photowatt représente en fait l’opportunité d’un nouveau départ sur des bases stratégiques nouvelles solides et solidaires, et d’une ambition retrouvée. Nous sommes prêts, scientifiques et acteurs de la R&D française du photovoltaïque à nous y engager. »

Enfin, à l’invitation du collectif Superwatt, Eva Joly, candidate du parti Europe Ecologie - les Verts aux élections présidentielles de 2012, discutera du développement de l’énergie photovoltaïque, et de Photowatt, avec des membres du collectif et le public le vendredi 16 décembre 2011 à Bourgoin-Jallieu. A cette occasion, le collectif Superwatt lancera son site internet www.superwatt.fr ainsi qu'une opération en ligne intitulée « Adoptez une cellule ». Afin de manifester leur soutien à la filière photovoltaïque, chacun sera invité à
adopter symboliquement en ligne une cellule photovoltaïque.

Pour en savoir plus sur l'appel d'offres de reprise, cliquer ici

L'hécatombe dans le solaire a atteint l'Allemagne. Solon est la première grande société du photovoltaïque outre-Rhin à se retrouver en cessation de paiements. Les négociations avec les investisseurs, les banques et autres garants financiers n'ayant pu aboutir à l'amiable, une demande de mise en redressement judiciaire a été déposée pour Solon et ses filiales Solon Photovoltaik, Solon Nord et Solon Investments …

Solon ayant entamé des négociations depuis plusieurs mois sans succès, la société souhaite maintenant saisir la possibilité de se restructurer dans le cadre d'un redressement judiciaire, est-il précisé dans un communiqué de presse.

Le 15 novembre dernier, Solon avait publié son bilan financier pour les 9 premiers mois de l'année 2011, avec un chiffre d'affaires de 358,2 millions d'euros, en baisse de 11%, dont 83% réalisés hors Allemagne, et des pertes opérationnelles de 113,8 millions d'euros. La perte nette s'établissait à 208,3 millions d'euros. Sa dette nette se montait, elle, à 396 millions d'euros.

Solon employait 798 personnes à fin septembre 2011. Début octobre, la société avait mis une centaine de ses employés au chômage technique et chargé Walter Bickel, directeur général du cabinet de conseil Alvarez & Marsal Allemagne, de préparer la restructuration.

Solon vient par ailleurs de vendre un parc solaire (photo ci-dessous) de 2,72 MW fournissant près de 4000 Mwh/an d'électricité, réalisé à Orta Nova, dans les Pouilles, avec un contrat de service et de maintenance sur 5 ans.

La faible demande sur le marché du photovoltaïque continue à faire des victimes. Ainsi, MEMC Electronic Materials, fournisseur de tranches de silicium pour le semiconducteur et le solaire, restructure ses activités pour les adapter à la conjoncture : suppression de plus de 1300 emplois, dont plus de 600 dans le solaire ; fermeture provisoire de l'usine de silicium à Merano, en Italie (6000 tonnes) ; fusion des divisions Solar Materials et SunEdison en une seule entité appelée Solar Energy. SunPower aurait, pour sa part, déclaré un plan de restructuration auprès des autorités fédérales américaines, qui englobe la suppression de 125 emplois …

MEMC vise une baisse de ses coûts opérationnels de 15%. Pour sa division Solar Materials, la firme américaine avait dévoilé une perte de 65,3 M$ au 3e trimestre 2011, pour un chiffre d'affaires en baisse séquentielle de 38%, à 199,4 M$. L'activité SunEdison s'est, pour sa part, soldée par un chiffre d'affaires de 48,4 M$ et une perte de 29,6 M$ au 3e trimestre 2011, après un CA de 147,2 M$ et une perte de 8,4 M$ au trimestre précédent. Son carnet de commandes s'élève toutefois à 3 GW. Le CA total de MEMC a atteint 516,2 M$, en baisse séquentielle de 31% au 3e trimestre, sa perte nette s'élevant à 94,4 M$.

Le coût total de la restructuration devrait s'élever à 700 M$ et impactera pour au moins 180 M$ ses résultats au 4e trimestre 2011. L'usine italienne ne reprendra du service que si elle arrive à baisser de façon significative ses coûts de production.

Chez SunPower, le plan de restructuration est lié à la faible demande sur le marché des panneaux PV . Il ne touche que 2% de ses effectifs, affirme Bloomberg Businessweek,et affectera 75 emplois aux États-Unis.

L'Allemand Schott Solar vient d'annoncer une réduction de sa production de cellules solaires dans son usine d'Alzenau, en Bavière, afin de l'adapter à la demande en baisse sur le marché. Le Norvégien REC a, lui, décidé de fermer temporairement 60% de son usine de tranches de silicium multi-cristallin de 650 MW de Herøya, en Norvège, 1er décembre 2011 à fin mars 2012…

Schott Solar a pris sa décision en dépit d'une hausse, pour la 4e année consécutive, de ses ventes de panneaux photovoltaïques sur l'exercice 2011 (clos le 30 septembre dernier). Officiellement, la filiale du groupe Schott anticiperait ainsi de futures difficultés. Toutefois, selon le site d'informations en ligne Main-Netz, les mesures prévoiraient en fait l'arrêt complet de la production de cellules solaires à Alzenau, ce qui entraînerait la suppression de 230 postes sur les 420 emplois à Alzenau.

Parallèlement, Schott Solar maintient ses développements afin de réduire ses coûts de production. La société a notamment dévoilé récemment des tranches de silicium quasi-monocristallin, qui font appel à une technique hybride de production du silicium combinant les procédés Czochralski classique et VGF (Vertical Gradient Freeze) et donnant un rendement de 19,9%. L'industrialisation de cette technique signale un grand pas en avant vers l'industrialisation de sa nouvelle série de panneaux photovoltaïques Schott Perform Mono, prévue pour introduction au 2e trimestre 2012, avec un rendement de 20,2%.

Chez REC, la fermeture temporaire d'une partie de l'usine de Herøya affecterait quelque 200 employés. Les prix des tranches de silicium pour le solaire ont chuté de 30% depuis octobre sur le marché mondial.

Les jours se suivent, et il arrive qu'ils se ressemblent. Après Photowatt, le réseau Soleil en Tête, créé par Episol, a licencié 200 personnes en 2011 mais s'est vu obligé de déposer le bilan début novembre et recherche actuellement un repreneur, nous apprend Tecsol. Le réseau a compté jusqu'à 44 points de vente pour 250 salariés et a réalisé un chiffre d'affaires de 25 millions d'euros l'an passé …

Seule une quinzaine de points de vente a su/pu se diversifier dans l'isolation, le chauffage ou le chauffe-eau solaire.

Rappelons qu'il y a à peine un peu plus d'un an que Soleil en tête annonçait avoir levé 1,5 M€ et trouvé trois nouveaux investisseurs. Il y a quelques mois, une coopération dans le secteur de la climatisation avait été lancée avec l'Institut national de l'énergie solaire.